« Joyeuses Pâques à Sinatra ! »

Quelle belle journée qui s'annonce ! Un soleil omniprésent, une légère brise. Des bruits de discussions animées partout dans la ville. Ernesto avait le sourire en ce dimanche de Pâques. Il se dirigeait à l'église pour assister à la messe de ce jour très spécial pour les chrétiens. Il avait obtenu l'accord du prêtre local pour organiser une séance de coiffure collective après la messe dominicale et juste avant la chasse aux oeufs, en compagnie de sa fidèle équipe.

Arrivé à 09h45 (soit 15 minutes en avance, ni trop tôt pour s'ennuyer ni trop tard pour saluer rapidement tout le monde avant le début), sa présence fit lever tous les croyants qui se pressèrent d'aller à sa rencontre :
- Bonjour monsieur Di Preziozi vous allez bien ?
- Oui je vais très bien, il fait très beau aujourd'hui. Qu'en est-il de vous madame Leotini ?
- Elegante, c'est toujours un honneur de me tenir en votre présence.
- Tout le plaisir est pour moi monsieur Rossi. Vos affaires se portent bien ?
- Grand frère grand frère tu veux jouer avec nous ?
- Après la messe Ricky, sois sage et suis bien le culte tu veux bien ?
- Monsieur Elegante votre compagnie arrive à ravir une ville toute entière !
- La vôtre également est très appréciée, je peux vous le garantir mademoiselle Festina ! Au Boogie Palace pas un jour ne passe sans que votre nom soit cité dans les conversations.
- Bonjour mon petit Ernesto tu as une mine radieuse aujourd'hui !
- Je vous retourne le compliment Madame Attila ! Comment se portent vos enfants ?
- Je t'ai déjà dit que tu pouvais m'appeler maman Attila mon chou ! Et oui ils vont bien tu auras l'occasion de les croiser pendant ta séance de coiffure.
- Ce sera un plaisir de les coiffer ou de leur apprendre quelques astuces, bonne messe Madame Attila !

Et les brefs échanges de paroles continuèrent ainsi, jusqu'à l'arrivée de la famille Ferrari. Tout le monde les laissa passer. C'est le chef de la famille qui s'adressa au coiffeur :
- Quelle agréable surprise, monsieur Preziozi ! Élégant en toute circonstance, on ne se lasse pas de vous !
- Vous allez me faire rougir monsieur Ferrari ! Niveau tenue vous n'avez rien à m'envier, loin de là soyez-en certain !
- Que vous êtes poli ! Je viens vous remercier au nom de toute ma famille ici présente pour la séance de la dernière fois, votre équipe a un don croyez-moi ! Regardez-moi ça, ma femme exhibe sa coiffure à ses amies et mon fils aîné si taciturne rencontre du succès auprès des filles. Mon adorable petite fille a été approchée par des marques de publicité et mon autre fils a été désigné par ses amis comme chef de la bande !
- Vous m'en voyez fort aise monsieur Ferrari ! Ce sera avec grand plaisir que le Boogie Palace vous accueillera de nouveau, vous et votre famille. Si vous voulez bien m'excuser, je m'en vais m'asseoir avec mon équipe pour le début de la messe.

Ernesto s'installa à la place réservée par son équipe, à l'extrémité gauche du 4e rang à côté de Paolo (lui-même assis à côté de Carmen, Agata se retrouvant entre cette dernière et Giulian) :
- Le boss n'a pas perdu de sa popularité à ce que je vois !
- Tu sais très bien que tu es le plus populaire de nous deux Paolo.
- Paolo arrête de contrarier Ernesto tu veux bien ?
- Je vais très bien Carmen.
- Tu as intérêt à aller très bien, aujourd'hui c'est la fiesta !
- Agata ce n'est pas à moi de le dire mais à la personne à côté de toi, n'est-ce pas Giulian ?
- J'ai très bonne mine Monsieur, non ?
- Arrête de m'appeler "Monsieur" je n'arrête pas de te le répéter ! Tu es encore plus sérieux que moi !

Leur discussion fut interrompue par l'entrée du prêtre de Sinatra, la messe était sur le point de débuter !

Ce n’est qu’en sortant de son QG qu’Eianaa sentit la chaleur des rayons de soleil sur sa peau, et la légère brise effleurer son corps. Il faisait beau. C’était un temps idéal pour aller à l’armurerie faire réviser son sabre.

Elle se mit en route, et se mit à réfléchir au déroulement de sa journée. Après l’armurerie, elle comptait faire une ronde exceptionnelle autour du Namisa. Ensuite, elle retournerait chez elle et réfléchirait à de nouveaux moyens de protéger son frère. Et puis…

Sans même s’en rendre compte, elle était déjà arrivée à l’armurerie. Mais lorsqu’elle voulut entrer, elle constata avec étonnement que celle-ci était fermée. Avec un petit mot sur la porte : « Fermé le jour de Pâques ».

C’était Pâques, aujourd’hui. Elle avait presque oublié.

Cela faisait bien longtemps qu’elle ne fêtait plus cette occasion. Avec le travail, chaque jour n’était qu’un énième jour de surveillance, de garde. Et les fêtes, ça n’était pas trop son truc. Elles lui rappelaient trop une enfance plus douloureuse qu’heureuse.

Quand Bakura et elle étaient petits, ils mangeaient du chocolat à cette occasion. Il faut dire qu’ils étaient jeunes et insouciants. C’était une période où aucun d’eux ne se préoccupait du monde extérieur. Il ne se doutaient pas qu’ils deviendraient les deux membres les plus influents de la famille Da Firenze.

Repenser à ces souvenirs où elle voyait Bakura courir à la recherche d’œufs en chocolat, avec ses longs cheveux blancs et son visage pâle, la rendait très nostalgique. Elle aurait aimé qu’il reste aussi insouciant, qu’il ne soit pas baigné dans cet univers de violence et de sang.

Eianaa décida de faire un détour avant de rentrer. Elle partit vers l’Est et, en passant devant l’église, elle aperçut tous ces gens venus assister à la messe. Nombreux étaient ceux qui attachaient une grande importance à la religion. Mais ça n’était pas son cas. Elle ne croyait et n’avait jamais cru en un quelconque dieu. Comment une entité aussi puissante pouvait laisser vivre un monde aussi terrifiant ? Elle trouvait cela aberrant.

Elle se rendit alors compte de tout le pessimisme dont elle faisait preuve. Elle s’arrêta un instant et leva la tête vers le ciel bleu. C’est vrai qu’elle était devenue comme ça, par la force des choses. Finalement, elle aurait peut-être aimé rester insouciante.

Elle fut interrompue par un appel d’un de ses acolytes.

« Chef, on a fini notre tour de garde. Qu’est-ce qu’on doit faire maintenant ? »

Elle ne répondit pas tout de suite. Les yeux fermés, elle s’imprégna de ce sentiment qui l’envahissait peu à peu. Un sentiment de paix.

« Allez vous acheter du chocolat. Vous l’avez bien mérité. »

Après avoir raccroché, Eianaa se remit à marcher. Elle décida qu’aujourd’hui, elle ne serait pas pessimiste. C’était Pâques, après tout.

Le prêtre alla vénérer l'autel avant de prendre la parole devant l'assemblée.
- Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
- Amen!
- Le Seigneur soit avec vous. Chers habitants de Sinatra et visiteurs de passage, je vous remercie d'être venus si nombreux en ce dimanche de Pâques.

Après de multiples prières et lectures de versets de la Bible vint le moment de la communion. Ernesto resta en retrait, ainsi que les autres membres du Boogie Palace. Pour le coiffeur, cette ville était trop dangereuse pour recevoir de la nourriture et de la boisson d'autrui. D'autant plus que la boisson devait être partagée dans une même coupe. Cela était insupportable pour "Elegante". Et puis ce n'était pas comme s'il était croyant. Il avait beaucoup trop souffert pour placer sa vie entre les mains de "Dieu". Et ceci était le cas de nombreuses personnes dans cette ville. Seuls les plus désespérés avaient une foi aveugle dans l'Église. Lui au moins ne jouait pas à l'hypocrite. Après un moment interminable, dû au nombre important de fidèles, la communion laissa la place à l'envoi, qui marquait la fin de la messe. Le signe de croix effectué, le prêtre dérogea à la règle de la messe traditionnelle et demanda l'attention de toute l'assemblée. Il appela Ernesto qui le rejoignit. Le coiffeur prit la parole :

- Bonjour à tous ! Je vous prie de m'excuser de vous prendre quelques secondes de votre vie pour vous annoncer que j'organise un cours de coiffure, avec mes employés. Tout le monde est invité. À cette occasion, les clients qui serviront de modèle n'auront rien à débourser. Tout cela se déroule tout de suite après mes paroles, juste avant la chasse aux oeufs organisée dans toute la ville. J'espère vous voir nombreux participer à la grande fête. À toute de suite et joyeuses Pâques à tous !

La foule applaudit le jeune homme et scanda son nom, sous les regards amusés de ses employés. Une grande partie des fidèles suivit donc Ernesto à la sortie de l'église pour se diriger devant un atelier qui avait été préparé pour l'occasion. Tout le monde se rassembla autour de l'équipe du Boogie Palace. Chaque citoyen ayant sa préférence, la foule se sépara en plusieurs groupes. Ernesto avait récupéré la plupart des enfants : Ricky était présent, tout comme les enfants de madame Attila. Il requit un modèle pour son cours. À sa grande surprise aucun n'enfant ne répondit à son appel : ils voulaient tous apprendre ses techniques. C'est alors qu'Ernesto jeta son regard tout autour de lui et vit une personne qui observait de loin la scène. Cette personne semblait hésiter entre rester et repartir chez elle. Ernesto ne lui laissa pas le choix.

- Excusez-moi monsieur aux cheveux sur les joues, pouvez-vous être notre modèle pour mon cours s'il vous plaît ? Les enfants vous seraient infiniment reconnaissants. Et puis ce serait l'occasion de vous refaire une petite santé ! Mon instinct me dit que vous méritez indéniablement une nouvelle coupe !